Marche ou crève de Stephen King

Marche ou crève

Editions J’ai lu – 346 pages
Littérature américaine

Mieux que le marathon… la Longue Marche.
Cent concurrents au départ, un seul à l’arrivée. Pour les autres, une balle dans la tête. Marche ou crève. Telle est la morale de cette compétition… sur laquelle une Amérique obscène et fière de ses combattants mise chaque année deux milliards de dollars.

MON AVIS :

Terrible, brutal et terrifiant, le texte de Stephen King fait froid dans le dos à cause des thèmes qu’il aborde, toujours avec violence et lucidité : la compétition, la perversité de notre monde, la soif de sang, l’orgueil, le sacrifice… Autant d’ingrédients qui dérangent, remuent et révoltent le lecteur.
Car au-delà de l’aventure inhumaine qu’il nous propose de vivre de l’intérieur, c’est toute une critique de la société qu’il nous adresse. Ainsi, difficile de ne pas voir, dans cette terrifiante métaphore, le sacrifice de nos jeunes soldats au front, l’incroyable fierté qu’éprouve son peuple tout en ignorant les conditions de vie inhumaines qu’ils endurent.
Stephen King dresse ici, à travers une écriture simple et perspicace, le portrait d’une jeunesse perdue et sacrifiée sur l’autel d’une société assoiffée de violence et de perversité.
Un engrenage, cruel, violent et souvent barbare qui nous entraine bien malgré nous sur les traces de ces marcheurs dépassés par les évènements…
Un livre noir, qui reprend des thèmes chers à l’auteur (l’amitié, la fatalité, la mort) qui ne peux laisser indifférent.

« J’ai cessé de croire à mes chances ce soir vers 21 heures. Tu comprends, je… C’est difficile à dire mais… Je me suis engagé là-dedans les yeux ouverts, tu sais ? … Beaucoup de ces types y sont allés à l’aveuglette mais moi, j’avais calculé mes chances. Seulement, je n’avais pas tenu compte des gens. Et je crois qu’en fait, je ne réalisais pas du tout ce que c’est en réalité. Je m’imaginais, je pense, que lorsque le premier type n’en pourrait plus, ils braqueraient leurs fusils sur lui, presseraient la détente et que des petits bouts de papier avec PAN écrit dessus se… se… et que le commandant dirait « Poisson d’avril » et que nous rentrerions tous chez nous. tu comprends ce que je veux dire ? »

« Si tout ça est tellement horrible, dit McVries, c’est parce que c’est insignifiant. Tu sais ? Nous nous sommes vendus et nous avons échangé notre âme contre du mépris. olson, il était méprisable. Il était magnifique, aussi, mais l’un n’exclut pas l’autre. Il était magnifique et méprisable. D’un côté comme de l’autre, ou des deux, il est mort comme un insecte sous un microscope. »

-Lecture commune avec Laurence (son avis)

36 réflexions sur “Marche ou crève de Stephen King

  1. J’avais hâte de lire ta critique. Comme tu pourras lire dans la mienne, j’ai été complètement désarçonnée par ce livre …

  2. Pingback: Marche ou crève (Stephen King) | Instantanés Futiles

    • Difficile de répondre.. Moi, j’ai commencé avec Simetierre que j’ai bien aimé (il use du fantastique, il faut aimer) puis j’ai continué par 22/11/63 qui m’a beaucoup marqué et bien sûr celui-ci… Je crois que tu peux te lancer avec n’importe quel titre, ils auront de toute façon ce petit quelque chose qui fait que ce sont des livres qui nous marquent…

  3. Le thème de ce livre m’a fait penser à « Acide Sulfurique » d’Amélie Nothomb que j’avais bien aimé (même si Nothomb n’a pas cette écriture « noire » si spécifique à S. King, j’aime toujours son ton irrévérencieux et léger, peu importe le thème qu’elle aborde). Je serai très tentée de le lire très prochainement et ton avis me conforte dans cette idée. Bisous^^

    • J’espère que tu aimeras Sab mais si tu aimes la plume de Stephen King, il n’y a pas de raison 😉 C’est vrai que ça pourrait faire penser à Acide Sulfurique du moins dans le thème, j’ai aussi fait le rapprochement. La critique est proche et c’est plutôt rassurant de voir que des auteurs s’emparent de ce genre de thèmes !
      Bisous.

  4. Je ne peux que te conseiller de poursuivre ta découverte de cet auteur. Ton billet exprime bien tout son talent. Dans un autre style tu peux lire « Misery » qui est très bien et révèle les craintes de l’auteur…

    • C’est incroyable surtout quand on pense qu’il s’agit de son premier roman achevé… Comme quoi, toutes les idées contenues dans Hunger games et Battle royal étaient déjà présentes dans l’esprit de King. Par contre, je viens de lire Carrie et je suis un peu moins enthousiaste… Tu l’as lu ?

      • J’ai préféré la deuxième partie où on retrouve bien la force littéraire de King. La première m’a semblée ennuyeuse et terriblement longue… Peut-être que ces thèmes (le harcèlement scolaire notamment) même s’ils servent le propos et lui offrent un contexte, me semble trop traité en littérature (après bien sûr il faut le replacer dans son contexte mais je lui ai trouvé trop de longueurs…) J’écris ma chronique très vite, on pourra peut-être en reparler 🙂

      • J’ai arrêté de considérer King comme un page-turner. il ne se sert pas des artifices de narration qui nous font dévorer les thrillers modernes. Il prend son temps pour poser les situations.

      • C’est vraiment son atout par rapport aux thrillers modernes (mais je ne suis pas une spécialiste). Cela dit, en comparant ses romans, certains sont nécessairement plus percutants que d’autres. Carrie m’a peut-être semblé long aussi parce que j’ai vu son adaptation cinématographique et que j’ai eu du mal à m’en détacher…

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