Souveraineté du vide et Lettres d’or de Christian Bobin

Souveraineté du vide

Editions Folio – 104 pages
Littérature française

« Un jour viendra où une main de lumière heurtera la bois du coeur, avec une telle insistance que je ne pourrai faire autrement que me lever, et ouvrir. A la question qui me sera alors posée, je ne saurai pas répondre, sinon par un sourire : je n’ai rien fait de ma vie. Je l’ai perdue le plus possible. »

MON AVIS :

Les retrouvailles avec l’écriture de Christian Bobin sont toujours un moment particulier pour moi. Entre instants de grâce et matière d’évasion, la philosophie développée dans ses lignes permet toujours d’apercevoir un coin de ciel et une touche d’humanité. Ce roman ne fait pas exception, si ce n’est qu’il apparaît rapidement plus exigeant et technique que certaines oeuvres de l’auteur. Un récit, presque philosophique, qui relève davantage de l’essai que de l’oeuvre poétique.
Un récit qui convient peut-être moins à la découverte de l’auteur mais qui nous prouve qu’il reste l’écrivain d’une pensée complexe et sans cesse en mouvement.

Les livres établissement les coordonnées, tracent les cartes d’une contrée déserte, vouée à l’amour et aux herbes folles, traversée par des bêtes sauvages et douces, en quête de point d’eau, en quête du point d’eau du sommeil.


Ce toucher des mots, cette irradiation de la voix qui dans l’âme engourdie du lecteur détectent des nappes d’eau vive, des sources de feu : les vrais écrivains sont des sourciers. Des guérisseurs. La main magnétique de celui qui écrit se pose sur le coeur à nu du lecteur, résorbe la fièvre, change le sang en eau.


Avec le soir descendent les grands sentiments. Ils entrent dans l’âme comme les loups dans les villes. C’est la faim que l’on a, qui vous tient tout le long du jour et qui vous serre un peu plus dans ces heures-là – la faim de beauté, de calme et de joie.


Il y a un livre sur la table. Dedans, se trouvent les lumières qui ne sont plus dans le ciel. C’est le livre d’un poète. Les poètes sont des gens qui ne savent rien faire de leurs mains, sinon des gâteaux de silence, qui leur prennent tout leur temps et qu’ils oublient ensuite, sur une assiette de faïence, au bord de la fenêtre. Les enfants viennent y goûter, puis les bêtes, enfin les morts qui nous entourent et ne tolèrent pas d’autre nourriture que ces quelques miettes, invisibles.

8 réflexions sur “Souveraineté du vide et Lettres d’or de Christian Bobin

    • Ce n’est pas pour moi le plus facile à lire à vrai dire même si j’adore cet auteur. Mon préféré et de tous reste « Isabelle Bruges » qui est un petit bijou. J’ai aussi beaucoup aimé « La lumière du monde » et « Ressusciter », tu les as lus ? Quels sont tes livres préférés de l’auteur ?

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