Passé sous silence d’Alice Ferney


Editions Babel – 204 pages
Littérature française

Passé sous silence est le récit, en forme de conte historique, d’un événement réel de la seconde moitié du XXe siècle. Les dates, lieux, noms de personnes ont été effacés, mais les choses dites l’ont été et les faits sont authentiques : dans un moment décisif de notre histoire s’affrontent deux visions de l’honneur et du service de l’Etat. Entre la Terre du Sud et le Vieux Pays, une guerre d’indépendance s’éternise. Pour la finir, le Vieux Pays rappelle au pouvoir son chef le plus prestigieux. Une fois investi, le souverain n’agit pas comme on l’attendait. Contre ce pouvoir, un jeune officier mène une conjuration jusqu’à l’attentat.

MON AVIS :

En alternant les points de vue, celui du puissant qui commande la guerre, marqué par la troisième personne du singulier, et celui de l’exécutant pétri d’idéaux qu’incarne un « tu » inquisiteur, Alice Ferney crée un récit riche qui aborde de nombreux thèmes : la force des croyances, la versatilité du pouvoir, le despotisme, la faiblesse des idéaux. Une oeuvre aux multiples facettes qui ne parvient cependant jamais à convaincre le lecteur et s’épuise dans une démonstration un peu stéréotypée. Si l’on peut apprécier la confrontation de points de vue différents et la richesse de l’écriture, l’histoire apparait très vite convenue et le dénouement attendu. Un récit qui évoque l’honneur d’un homme et les convictions d’un soldat confrontées au pouvoir politique et à la rancune particulière d’un chef d’Etat. Un thème qui côtoie la grandeur du sentiment et la force des croyances mais qui ne parvient jamais à réellement passionner le lecteur, spectateur passif de convictions bavardes pour une successions de faits sans réel intérêt. Dommage.

Toi, Paul, tu regardais ce monde en insurrection. Toi encore si loin de te mêler à l’action ! Tu étais le futur héros tragique de ce moment historique. Tu l’ignorais. L’agitation du présent, la fièvre qui montait et que rien n’endiguerait, la rancoeur et l’esprit de vengeance qui se sédimentaient, ne t’avaient pas encore empli de tristesse et de colère. Tu n’avais pas désigné la figure de l’adversaire, ni la nature du dommage que causerait son cynisme.


Le capitaine s’adressait gravement à son sous-officier. J’ai connu ça dans une autre guerre, dit-il. Je les vois courant derrière nos camions… Voulez-vous savoir qui ? Les combattants indigènes qui avaient épousé notre cause. Ils tendaient les bras vers nous pour que nous les aidions à monter. Mais aucune place n’était prévue pur eux. Et je regardais leurs mains, si près des miennes. L’armée évacuait le pays. Nous partions. Nous abandonnions à l’ennemi ceux qui l’avaient combattu avec nous…

6 réflexions sur “Passé sous silence d’Alice Ferney

    • J’avoue avoir été très déçue par ce roman d’Alice Ferney alors que j’avais beaucoup aimé « L’élégance des veuves » 🙂

  1. Eh beh! Le Grand Général est de retour pour sauver le Grand pays 🙂
    Ta critique ne donne pas envie de le lire pourtant l’idée du livre me semble bonne. D’ailleurs ça me fait penser un peu à l’Ordre du Jour de Vuillard que j’ai trouvé très intéressant!

    • Je ne connais pas l’ordre du jour mais je vais chercher 😉
      Le thème du livre est bon mais je pense qu’il n’est pas arrivé entre mes mains à la bonne période … 😥

    • J’avoue que je ne m’attendais pas trop à ça.. J’avais tellement aimé L’élégance des veuves… Je serai certainement plus prudente dans le choix de mes livres avec cette auteure la prochaine fois… 😦

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