Le Très-Bas de Christian Bobin

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Editions Folio – 130 pages
Littérature française

Le Très-Bas n’est pas une biographie ni une hagiographie comme les autres. C’est une promenade, telle que Bobin les affectionne, au coeur de l’âme, celle de ce beau jeune homme qu’était François d’Assise. Il en visite les images les moins connues : celle de l’enfance dont les Textes ne disent rien, celle du jouisseur de la vie et de ses plaisirs, rêvant de chevalerie et de belles princesses. Il cueille au passage les couleurs et les étoiles que contient chacun de ses livres : la beauté des mères, l’amour, l’éternel, la joie, l’enfant, l’ange et le sourire de Dieu. Si François d’Assise est un saint, c’est parce qu’il est un « merveilleux conducteur de joie » et parce qu’il a compris que « la vérité n’est pas dans la connaissance qu’on en prend mais dans la jouissance qu’elle donne ».

MON AVIS :

En nous parlant de la figure de Saint François d’Assises, Christian Bobin évoque sa doctrine, sa joie de vivre mais aussi son regard rassurant et audacieux. Une oeuvre érudite et documentée qui, en prenant le parti du plus bas, de l’humain et de l’invisible, nous porte jusqu’aux confins de l’âme humaine à la recherche de l’essence même des êtres. Une écriture comme toujours maîtrisée, faite de souffle et de lumière. Une très belle oeuvre.

Challenge Ma Pal fond au soleil éd. 2 : 4/10

L’enfant partit avec l’ange et le chien suivit derrière. Dans cette phrase vous ne voyez ni l’ange ni l’enfant. Vous voyez le chien seulement, vous devinez son humeur joyeuse, vous le regardez suivre les deux invisibles : l’enfant – rendu invisible par sa simplicité. Le chien, oui, on le voit. Derrière. A la traîne. Il suit les deux autres. Il les suit à la trace et parfois il flâne, il s’égare dans un pré, il se fige devant une poule d’eau ou un renard, puis en deux bonds il rejoint les autres, il recolle aux basques de l’enfant et de l’ange. Vagabond, folâtre.


Elle est belle en raison de cet amour dont elle se dépouille pour en revêtir la nudité de l’enfant. Elle est belle en mesure de cette fatigue qu’elle enjambe à chaque fois pour aller dans la chambre de l’enfant. Toutes les mères ont cette beauté. Toutes ont cette justesse, cette vérité, cette sainteté. Toutes les mères ont cette grâce à rendre jaloux Dieu même – le solitaire dessous son arbre d’éternité. Oui, vous ne pouvez l’imaginer autrement que revêtue de cette robe de son amour.


Je t’aimais. Je t’aime. Je t’aimerai. Il ne suffit pas d’une chair pour naître. Il y faut aussi cette parole. Elle vient de loin. Elle vient du bleu lointain des cieux, elle s’enfonce dans le vivant, elle ruisselle sous les chairs du vivant comme une eau souterraine d’amour pur.


C’est en regardant l’adulte qu’on découvrira l’enfant. La croissance de l’esprit est à l’inverse de la croissance de la chair. Le corps grandit en prenant de la taille. L’esprit grandit en perdant de la hauteur.

6 réflexions sur “Le Très-Bas de Christian Bobin

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    • Ralala…Ca me fait mal au coeur parce que c’est un auteur que j’adore vraiment (tu l’auras certainement remarqué) je te conseille « Isabelle Bruges » qui est l’un de mes romans préférés et qui est de Christian Bobin.

      • Bon, celui là je ne l’ai pas lu, je vais le noter sur troczone de suite !

      • Je ne suis pas objective avec Christian Bobin celui-ci comme les autres, je l’ai beaucoup aimé ^^ J’espère que tu aimeras autant que moi ! C’est bien troczone ?

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