Les confessions de Frannie Langton de Sara Collins


Editions Belfond – 408 pages

Littérature britannique

Londres, 1826. Toute la ville est en émoi. La foule se presse aux portes de la cour d’assise pour assister au procès de Frannie Langton, une domestique noire accusée d’avoir tué Mr et Mrs Benham, ses employés. Pour la première fois, Frannie doit raconter son histoire. Elle nous parle de sa jeunesse dans une plantation de canne à sucre en Jamaïque, où elle a été le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui s’est piquée de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui l’a contrainte à l’assister sur nombre d’expériences scientifiques, plus douteuses les unes que les autres. Elle nous parle de son arrivée à Londres, où elle est  » offerte  » aux Benham, comme un vulgaire accessoire, de son amitié avec la maîtresse de maison, de leur même appétit pour la lecture, la culture. De leur passion… Elle se dévoile pour tenter de se souvenir de cette terrible nuit, qui lui échappe complètement. Mais une question la ronge sans cesse, comment aurait-elle pu tuer celle qu’elle aime ?

MON AVIS :

Roman historique, judiciaire, pamphlet contre les discriminations, romance, les genres ne manquent pas pour qualifier le riche roman de Sara Collins. Un voyage initiatique et physique de la Jamaïque jusqu’à Londres, des plantations de cannes à sucre aux intérieurs cossus des villas anglaises du 19ème siècle, Les confessions de Frannie Langton sont celles d’une esclave devenue domestique, lettrée, amoureuse des livres et accusée du meurtre de ses employeurs.
Un combat personnel et féministe pour une femme atypique, un portrait complexe et multiple qui n’est pas sans rappeler les romans de Sarah Waters.
L’intrigue où se mêlent éléments de vérité, ressenti et volonté d’absolution, est portée par une écriture délicate et des personnages savamment dépeints. Ainsi, et malgré quelques longueurs dans le récit, on retiendra le combat d’une femme atypique, à la fois victime et bourreau d’une société qui broie et asservi, ses obsessions et ses craintes, ses attentes et ses espoirs.

Tout ce que contenait cette pièce, y compris mon temps, y compris moi, lui appartenait, elle pouvait en faire ce que bon lui semblait. Mes désirs n’importaient pas. Ils n’avaient jamais importé. Espérant que mon visage ne trahirait pas mes pensées, je me forçais à hausser les épaules. « Ces pages sont à vous. »


Et puis, soudain, je compris, net et tranchant. Mon corps entier souffrait de désirer des choses que je ne pourrai pas avoir. J’aurai voulu avoir le courage des fous. Me déclarer. Auprès d’elle. Comme si ma requête était de celles qui peuvent s’exprimer à voix haute.
Parfois, je l’avoue, je sentais aussi palpiter la colère en moi.
Aussi infatigable que mon coeur.

-Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond pour la découverte de ce roman.

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