Constellation d’Adrien Bosc

Unknown

Editions Stock roman – 194 pages
Littérature française

Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers.
Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant.
La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »

MON AVIS :

Si le Constellation, nom donné au nouvel avion d’Air France, est au coeur du récit, c’est également la constellation des liens humains qui ancre ce récit dans sa réalité. Une image qui nous montre l’éclatement des liens et l’attachement que nous accordons à certaines personnes et à leurs histoires.
Mais sous des airs érudits, le récit réellement documenté d’Adrien Bosc, grand prix du roman de l’académie française 2014, déçoit par une multitude de personnages sans réelles attaches entre eux, aux histoires souvent déconnectées les unes des autres. Un récit parfois technique (quand il évoque l’avion), qui passe parfois par l’utilisation surprenante de la première personne (qui intègre l’auteur au récit) avant de revenir à une description successive des personnages qui peuplent son roman.
L’écriture lisse et recherchée de ce premier roman ne parvient quand à elle jamais à masquer l’absence de sentiments qui se dégage de l’oeuvre. Une lecture décevante pour ma part malgré de jolies qualités d’écriture et une recherche réelle et documentée.

Il m’avait fallu me rendre aux Açores pour entendre la résonance intime de ces de ces hommes et de ces femmes qui avaient vécu et aimé. Il m’avait fallu atteindre la port de Ponta Delgada, marcher le long des sentiers du mont Redondo, observer, tard, le ciel, et tôt, le rivage, pour apercevoir l’illusion d’une distance au coeur du roman.


A l’issue de plusieurs heures de marche, ils atteignent l’appareil et rejoignent les secours dépêchés la veille sur l’île. Ils y découvrent sur près de vingt-cinq hectares un lieu de désolation enveloppé dans une chape de brouillard épais aux nappes humides et laiteuses. Les flammes ont consumé les débris éparpillés aux quatre vents, et mis à part cinq cadavres plus ou moins reconnaissables, il semble impossible à première vue d’identifier dans ces membres épars, dispersés entre les rochers, les victimes du Constellation.

25 réflexions sur “Constellation d’Adrien Bosc

    • Je partais avec une vraie envie de découvrir ce livre mais ai été au final plutôt déçue. Je ne sais pas si c’est mon sentiment (l’absence de sentiment justement) mais cela m’a dérangée.

      • Ah bah tu vois, je ne me rappelais pas ton avis spécifiquement mais je sais qu’au départ j’étais bien décidée à ne pas le lire, et récemment deux avis m’ont donné envie. Au final, je note comme toi une trop grande absence de sentiments pour un livre classé « roman » ; En revanche j’ai beaucoup aimé la partie technique et quelques portraits malgré tout. Avis mitigé, mais pas que mauvais, c’est déjà ça !

  1. J’ai lu des avis trop à l’opposé et souvent défavorables pour que ce livre me fasse envie… Bises Yuko et je te souhaite de belles fêtes de fin d’année 😀. Par ailleurs, j’ai fini Goat Mountain de David Vann. S’il te tente toujours (malgré mon avis défavorable), je te l’enverrais. Il me faudra ton adresse. 😉. 😘

    • Coucou ^^ Bonnes fêtes à toi aussi Asphodèle ! J’espère que tout s’est bien passé pour toi et que tu as eu le temps de te reposer. Je suis toujours intéressée par le livre surtout si nous pouvons en discuter ensuite 😉 je t’envoie mon adresse (encore merci ^^) bises bises

  2. Je suis en train de le lire (je suis à la page 80 tout de même). J’avoue ne pas être plus emballée que ça pour l’instant. J’aime bien mais pas assez non plus. Ta critique a relevé ce qui me gêne pour l’instant dans ma lecture. L’écriture est remarquable mais les personnages sont trop distants.

    • J’attends ta critique avec impatience… J’avoue que ça a été difficile de trouver exactement ce qui m’a gênée dans ma lecture… Pourtant, tu as raison, il manque quelque chose…

      • Je ne pense pas que je le citerai dans mes lectures du mois (en même temps, j’ai pratiquement rien lu – la loose), mais j’en reparlerai soit au bilan de janvier soit je reviendrai carrément ici pour en reparler (ou du moins confirmer mes impressions).

      • Oui, tu me diras, j’ai bien envie de savoir ce que tu auras pensé du livre (dans ton bilan mensuel, tu ne cites pas toutes tes lectures ?)

      • Je cite uniquement quand j’ai terminé le bouquin le livre. Or, ce soir je ne pense pas le terminer et demain vu que c’est la fieeesta non plus. 😉

      • Effectivement ça ne me donne envie de continuer de suite. En fait, c’est pas que le livre est chiant, honnêtement, j’ai lu assez rapidement les 80 pages et j’aurais pu aller plus loin. Mais en refermant le livre, j’avais l’impression de n’avoir rien retenu. Sur le moment j’ai cru que c’était la fatigue mais c’est vraiment en lisant ta chronique que j’ai réalisé qu’il était possible que je n’accrochais peut-être pas autant que je l’espérais.

      • Je te comprends, j’ai moi même mis du temps avant « d’accepter » que je pourrai ne pas aimer ce livre (pourtant grand prix du roman de l’académie française quand même !!) surtout que comme tu le dis, il se lit bien… Franchement, je pense qu’il ne m’en restera pas grand chose mais je suis contente de m’être fait mon propre avis !

      • Oui, voilà quand tu vois sur la couverture « Grand prix du roman de l’académie française », ça te fout presque la pression ! Ce qui me désole c’est qu’il s’agit d’un cadeau… (« t’as aimé ? » « euuuh ouuuaisss »).

      • Ouch, pas facile quand c’est un cadeau 🙂 après, les goûts et les couleurs… mais il faut être diplomate 😉 généralement, moi je commence par « j’ai trouvé ça sympa mais… » ça nuance.

      • Le pire, c’est que cette personne m’offre souvent des livres que je n’aime pas vraiment. Elle ne fait pas de mauvais choix puisque ce sont des livres que je voulais lire mais c’est comme ça hélas 😮 Après j’essaie aussi de nuancer, de lui faire comprendre qu’il y a des défauts etc… (je ne veux la faire culpabiliser)

      • Héhé (la faire culpabilise ^^) ça ne m’étonne pas de toi ;-P Franchement, c’est pas facile de choisir des livres mêmes pour des personnes proches. Souvent, les gens (dont je fais partie aussi) choisissent les livres en fonction des prix qu’ils ont eus… Ce n’est malheureusement pas toujours pour le mieux…

      • Dans mon entourage, vu que je suis en lettres, ils ont la pression lol lol Mais c’est vrai que c’est pas évident. Personnellement, c’est pas le prix qui me dérange mais c’est surtout le contenu qui me préoccupe.
        (hey j’ai réussi mon bilan de WordPress, c’est de la bombe ce machin ! et effectivement tu fais partie de mon top des lecteurs, thank you very much 🙂 ).

      • C’est sympa hein ce petit bilan ? ;)Tu m’étonnes qu’ils ont la pression dans ton entourage surtout que tu lis beaucoup donc ça ne doit pas être très facile d’être original et de trouver LA pépite 😉
        See you soon ^^

  3. J’ai un avis moins sévère que le tien. ce n’est certes pas le livre de l’année (je comprends d’ailleurs assez mal l’attribution du prix de l’académie française, comme pour la vérité sur l’affaire Harry Quebert) mais j’ai quand même été très intéressée par ces bouts de destins … ce qui est facile, c’est ce livre est déclinable à envie, imagine ce qu’on aurait pu faire sur le Titanic !
    Bon réveillon Yuko et je te souhaite avec un peu d’avance une belle année 2015.

    • Justement, l’auteur aurait pu à mon sens faire beaucoup avec cette catastrophe qui rapproche des gens et leurs proches autour d’une même catastrophe. Ici, les destins se croisent sans se mêler et j’ai trouvé cela un peu dommage.
      Pour le prix, celui-ci étonnament, je le comprends : déjà, cela dépend de ce qu’il y avait en face mais surtout, c’est quand même un livre assez érudit donc je comprends qu’il ait plu au jury. Sans oublier qu’il s’agit d’un premier roman.
      Très bonne soirée à toi aussi et par avance une excellente année 2015 ! Bises ^^

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