Persuasion de Jane Austen

Editions Archipoche – 236 pages
Littérature britannique

Sous le vernis d’un genre, chacune des phrases de Jane Austen attaque les conventions, traque les ridicules, et finit avec une grâce exquise par pulvériser la morale bourgeoise, sans avoir l’air d’y toucher. Les héroïnes de Jane Austen lui ressemblent, elles aiment les potins mais détestent bavardages, grossièreté et vulgarité. La pudeur, le tact, la discrétion, l’humour sont les seules convenances qu’elles reconnaissent… Et si Jane Austen mène les jeunes filles au mariage, c’est fortes d’une telle indépendance qu’il faut souhaiter au mari d’être à la hauteur !

MON AVIS :

Avec pudeur et discrétion, la plume de Jane Austen ausculte, redéfinit et souligne les imperfections délicates et les jolis atouts de ses personnages. Véritable ode à l’indépendance d’esprit et à la liberté de penser, Persuasion fait de son personnage principal, la jeune Anne, une héroïne douce, nuancée et résolument indépendante.
Forte de ses convictions, elle apprendra, à force d’abnégation et de courage, à s’affranchir des conseils parfois mal avisés de ses aînés et des carcans de l’époque. Un récit résolument moderne pour une héroïne plus délicate et moins audacieuse qu’Elizabeth Bennet mais qui n’en est pas moins attachante. Jane Austen signe ici une critique nuancée et réaliste sur son époque et ses moeurs, créant des personnages toujours humains et aux grandes qualités de coeur. Une vraie réussite.

-Il n’y a guère de défaut physique, repartit Anne, avec lequel des manières agréables ne puissent vous réconcilier peu à peu.
-Je pense tout autrement, répondit sèchement Elizabeth ; les manières agréables peuvent mettre en valeur la beauté des traits, mais ne peuvent jamais en corriger la laideur. Cependant, quoi qu’il en soit, comme j’ai en jeu, sur ce point, des intérêts bien plus considérables que quiconque,je pense que vos conseils sont plutôt superflus.

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Il l’avait trouvé tristement changée et, à la minute où on l’interrogeait, avait dit son sentiment. Il n’avait pas pardonné à Anne Elliot. Elle l’avait lésé, délaissé et déçu et, ce qui est pire, elle avait montré, en agissant ainsi, une faiblesse de caractère que son tempérament décidé et confiant ne pouvait tolérer. Elle l’avait abandonné pour obliger autrui. cela avait été l’effet d’un excès de persuasion. C’était un signe de faiblesse et de timidité.