Un bruit de balançoire de Christian Bobin


Editions l’iconoclaste – 112 pages

Littérature française

Pour la première fois, Christian Bobin livre un texte entièrement composé de lettres. Rares et précieuses, elles sont adressées tour à tour à sa mère, à un bol, à un nuage, à un ami, à une sonate. Sous l’ombre de Ryokan, moine japonais du XIXe siècle, l’auteur compose une célébration du simple et du quotidien. La lettre est ici le lieu de l’intime, l’écrin des choses vues et aimées. Elle célèbre le miracle d’exister. Et d’une page à l’autre, nous invite au recueillement et à la méditation.

MON AVIS :

A travers une succession de lettres, parfois adressées à l’inconnue, à la mère, au poète, Christian Bobin dresse la liste de ses importances et des moments essentiels qui jalonnent sa vie. Une plongée délicate dans ses préoccupations de l’instant et ses considérations de toujours qui tresse une oeuvre délicate et pure.
L’écriture de Bobin est toujours surprenante de simplicité poétique, même si le propos rappelle souvent ses précédents écrits. Une plongée dans le présent, une éclaircie dans l’obscurité, qui aurait peut-être mérité de mettre en lumière de nouveaux thèmes, même si, visiblement, l’auteur n’en a pas terminé avec la simplicité des oeuvres qui nous entourent (la nature, la lumière, le regard etc.)

A Birmingham, un cimetière ceinture une église. Des tombes Earl Grey douces à l’oeil, suaves à l’esprit avec un arrière-goût épicé de mousses et de premières feuilles mortes. Je découvre, gravés sur une tombe, le jour, le mois et l’année de ma naissance. Une femme repose là, le jour où je suis né, quand mes yeux perdant leurs écailles de tortue s’ouvraient au monde. Après quelques minutes, je m’éloigne de mon double et de sa tombe anglaise grésillant dans la lumière comme une ampoule en souffrance.


Vieil escalier de la cour, tu étais cette falaise de ciment sur laquelle l’océan de mon enfance venait battre. Je m’asseyais pour lire sur ta troisième marche. J’ai tellement rêvé dans ta compagnie assis sur ton échine préhistorique. Ta peau grise m’était la plus vive des couleurs.
Si je trouve du charme à des lieux déshérités, c’est à toi que je le dois, à tes marches qui tournaient sans bruit, montaient loin dans le ciel – jusqu’aux neiges du mont Fuji.


Alors c’est vrai que désormais on ne verra plus d’écriture manuscrite, plus de main humaine et qui danse, nulle part, c’est vrai ?

8 réflexions sur “Un bruit de balançoire de Christian Bobin

    • Merci beaucoup ! C’est un très joli livre comme souvent avec Bobin (mais je ne suis pas très objective avec cet auteur que j’apprécie tout particulièrement) à bientôt !

  1. J’ai découvert l’univers si singulier de Bobin grâce à toi mais sur ce coup là, je ne crois pas que j’adhérerais … il me faut un fil conducteur de lecture !! Bises

    • Je comprends, j’avoue que j’ai été un peu « déçue » ici puisqu’il s’agit vraiment d’une succession de lettres mais que les problématiques abordées reviennent souvent. Bises à toi !!

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