Le chant des revenants de Jesmyn Ward


Editions Belfond – 272 pages
Littérature américaine

À treize ans, Jojo essaie de comprendre : ça veut dire quoi, être un homme ? Non pas qu’il manque de figures masculines, avec en premier chef son grand-père noir, Pop. Mais il ya les autres, plus durs à cerner : son père blanc, Michael, actuellement en détention ; son autre grand-père, Big Joseph, qui l’ignore ; et les souvenirs de Given, son oncle, mort alors qu’il n’était qu’un adolescent.
Et Jojo a aussi du mal à cerner sa mère, Leonie, une femme fragile, en butte avec elle-même et avec les autres pour être la Noire qui a eu des enfants d’un Blanc. Leonie qui aimerait être une meilleure mère, mais qui a du mal à mettre les besoins de Jojo et de la petite Kayla au-dessus des siens, notamment quand il s’agit de trouver sa dose de crack. Leonie qui cherche dans la drogue les souvenirs de son frère. À l’annonce de la sortie de prison de Michael, Leonie embarque ses enfants et une copine dans la voiture, en route pour le pénitencier d’état. Là, dans ce lieu de perdition, il y a le fantôme d’un prisonnier, un garçon de treize ans qui transporte avec lui toute la sale histoire du Sud, et qui a beaucoup à apprendre à Jojo sur les pères, les fils, sur l’héritage, sur la violence, sur l’amour…

MON AVIS :

Comment évoquer ce roman d’une grande force narrative sans trahir la pensée et le monde mis en lumière par Jesmyn Ward ? A travers une écriture ronde et riche, elle parvient à tisser une oeuvre complexe, oscillant sans cesse entre les deux mondes pour évoquer leur porosité, les attentes et les liens entre les morts et les vivants. Le chant des revenants est un conte un peu sombre qui évoque avec ferveur l’esclavagisme, les liens humains, leurs cycles de violences et leur héritage. Une oeuvre aux visages multiples, douloureux et sombres, pour des personnages forts qui, malgré leur atavisme, souhaiteraient conquérir un peu de lumière et de douceur. Un roman sombre, intéressant pour les thèmes qu’il évoque et l’écriture sans fard de l’auteure.


« -On y va », je dis. Mon dos me brûle de savoir que l’arbre aux fantômes est là, des centaines de fourmis grimpent le long de ma colonne, cherchent du tendre à mordre entre les os. Le garçon est là, il observe, ondule comme une herbe d’eau.

12 réflexions sur “Le chant des revenants de Jesmyn Ward

    • Tu l’as lu il y a longtemps ? Je garde aussi un bon souvenir de certains thèmes et certaines scènes sont encore très vives dans ma mémoire mais ça a été une lecture parfois très dense et asphyxiante aussi. Cela dit, il en faut du talent pour parvenir à faire ressentir ça au lecteur.

  1. J’avais été un peu moins enthousiaste que toi, j’ai été gênée par la fin trop surnaturelle et par le lyrisme parfois inadapté à la narration du jeune garçon.. mais je me suis notée Les moissons funèbres.

    • En écrivant et relisant ma critique, je me rends compte qu’elle est plus enthousiaste que ce que j’ai ressenti quand j’ai refermé le roman. Si le côté surnaturel ne m’a pas gênée, certains passages me sont restés fermés. cela dit, je vois combien la narration est forte et les belles qualités de ce roman, traversé par des thèmes intéressants.

Laisser un commentaire