Nord et Sud d’Elizabeth Gaskell

Nord et Sud

Editions Grand romans Points – 674 pages
Littérature britannique

Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme.

MON AVIS :

Fresque sociale sur laquelle s’épanouit une délicate histoire d’amour, Nord et Sud illustre avec force et finesse les rapports sociaux de l’époque et la révolution industrielle qui a marqué le XIX ème siècle. Le roman décrit d’ailleurs avec humour et tendresse, les petits travers humains de chaque classe et les préjugés qui habitent chacun d’eux.
Et c’est au final un roman profondément humain que nous offre Elizabeth Gaskell. Une peinture de son époque, à la fois vive et claire, des rapports entre les hommes et les femmes, la condition sociale des ouvriers, la misère matérielle opposée à la richesse spirituelle de certains personnages. Autant de thèmes qui nourrissent en profondeur le roman et lui donnent une dimension universelle.
Les personnages, attachants et sincères, en deviennent des figures incontournables et personnifient avec force les oppositions existantes entre le nord et le sud de l’époque.
Margaret, douce et fière, parfois lointaine, devient au fil du roman, une figure féminine décisive et incarne avec force, la douce persévérance.
John Thornton, emblème du patronat, s’humanise et révèle quant à lui des qualités humaines sous-jacentes.
Si l’histoire d’amour s’avère au final plus convenue, l’attachement des deux personnages et leur attirance réciproque serait presque un prétexte au mariage de deux mondes : la (petite) bourgeoisie déclinante et le capitalisme vacillant. Une image qu’il est intéressant de retenir et qui illustre au final avec force les préoccupations de l’époque : ne pas perdre son âme avec l’arrivée de l’ère industrielle.
Un roman vraiment réussi, à la fois riche et dense, qui met en scène des personnages inoubliables et tendres. Une très belle oeuvre !

Mr Thornton songea que dans cette affluence, personne ne parlait à Margaret, négligence manifeste qui le mit fort mal à l’aise. Mais il s’abstint de s’approcher d’elle. Il avait seulement une conscience plus aiguë de ce qu’elle faisait ou ne faisait pas que des mouvements de quiconque dans la pièce. Margaret était pour sa part si peu gênée et si amusée par le spectacle qu’offraient les autres qu’elle ne se se posa à aucun moment la question de savoir si elle passait inaperçue ou non.


Jamais encore je n’ai aimé une femme : ma vie a été trop remplie, mes pensées trop absorbées ailleurs. Maintenant j’aime et je veux continuer à aimer. Mais ne craignez pas que j’exprime trop cet amour.

-Lecture commune avec La bibliothèque de Bénédicte (son avis)
-Challenge littérature américaine (Chez Miss G)
-Challenge Au fil des saisons et des pages (automne) : 1/5

36 réflexions sur “Nord et Sud d’Elizabeth Gaskell

  1. Cela fait plusieurs billets que je lis sur ce livre. C’est amusant de voir comment certains ouvrages « reviennent » ! En tout cas, tu m’as donné envie de le lire !

    • C’est une bonne surprise même si je comprends les nuances apportées par ma copinaute Bénédicte avec qui je l’ai lu. Je ne peux que te le conseiller… pour plus tard ^^

  2. J’ai beaucoup aimé ce roman, son adaptation par la BBC est superbe. Par contre, j’ai calé sur « Cranford », du même auteur… je n’ai jamais tenté de reprendre ce roman, mais je ne désespère pas de prendre le temps pour lui donner une nouvelle chance !

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