Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell

autant en emporte levent

3 tomes – 1412 pages
Littérature américaine

Autant en emporte le vent est une fresque historique, jamais surpassée, sur la société des Etats sudistes et les tragédies de la guerre de Sécession. C’est aussi un roman d’amour dont les héros, Scarlett O’Hara et Rhett Butler, sont entrés à jamais dans la galerie des amants légendaires.

MON AVIS :

C’est une fresque audacieuse et foisonnante que nous offre Margarett Mitchell à travers les trois tomes d’Autant en emporte le vent. Une oeuvre riche, qui évoque, à travers une écriture incisive et pointilleuse, un contexte économique et social difficile. Regard féminin d’une époque, Margarett Mitchell dépeint avec réalisme et souffle, les moeurs d’une société en déclin et la construction d’une nouvelle ère.
A travers le regard d’une jeune héroïne, parfois antipathique et égoïste, elle parvient à tresser une histoire d’amour légendaire et passionnelle. Les personnages, charismatiques et faillibles, témoignent d’un courage au quotidien et évoluent au gré des tomes sous l’oeil attentif et empathique du lecteur.
Une fresque impressionnante, magnifiquement bien écrite, qui nous entraîne, sans ménagement, dans la vie de personnages nuancés et forts. Une oeuvre pleine, intemporelle et exubérante. Une très belle façon de découvrir la guerre de sécession et ses nombreux ravages. Un livre que je vous recommande vivement !

TOME I : « -Vous n’êtes qu’un malappris.
-Auriez-vous la prétention de me mettre en colère en me disant cela ? Je suis navré de vous décevoir. Vous ne me ferez pas sortir de mes gonds en me gratifiant de noms dont je reconnais la justesse. Mais certainement, je suis une fripouille, et pourquoi pas ? Nous vivons dans un pays libre et un homme peut bien être une fripouille s’il en a envie. Il n’y a que les hypocrites comme vous, chère Madame, il n’y a que les gens dont l’âme est aussi noire que la vôtre pour prendre la mouche quand on leur dit des vérités. »

Elle avait également moins peur parce que la vie avait pris une allure de rêve, de rêve trop effrayant pour être vrai. C’était impossible qu’elle, Scarlett O’hara se trouvât en aussi dangereuse posture, exposée à être frappée d’une minute à l’autre par la mort qui rôdait. C’était impossible que le rythme calme de l’existence se fût transformé aussi radicalement en un si bref espace de temps !


TOME II : Pourquoi était-il parti, s’était-il enfoncé dans le noir, lancé dans la guerre, dans une cause perdue d’avance, dans un monde devenu fou ? Pourquoi était-il parti, lui, Rhett, qui aimait les plaisirs que procurent les femmes et les liqueurs, la bonne chère et les lits moelleux, le linge fin et le beau cuir, lui qui détestait le Sud et tournait en dérision les fous qui se battaient pour lui ?

Elle ne savait pas qu’elle était ivre, ivre de fatigue et de whisky. Elle savait seulement qu’elle avait quitté son corps et qu’elle flottait quelque part dans un monde où l’on ignorait la douleur et la lassitude. Son esprit voyait tout avec une clarté surhumaine.
Elle considérait les choses d’un oeil nouveau, car elle avait laissé derrière elle, sur la longue route de Tara, ce qui faisait encore d’elle une enfant.

Elle s’étonna que sa jeunesse et son ignorance l’eussent empêchées de le comprendre lorsqu’il avait dit que la terre était la seule chose qui valût la peine qu’on se batte pour elle.
« Car c’est la seule chose au monde qui dure… et pour tous ceux qui ont une goutte de sang irlandais dans les veines, la terre sur laquelle ils vivent est comme leur mère…c’est la seule chose qui vaille la peine de travailler, de lutter et de mourir.


TOME III : Bouche bée, elle regarda Rhett. Elle se rappelait sa boutade : « Ma chère, je ne suis pas fait pour le mariage » et elle craignait en même temps d’être le jouet du cognac ; ou bien elle était ivre, ou bien il était fou. Pourtant, il n’avait pas du tout l’air fou. Il paraissait aussi calme qu s’il parlait de la pluie et du beau temps et son accent doux et trainant ne trahissait aucune nervosité.

« En lisant des romans avez-vous jamais trouvé l’histoire, vieille comme le monde, de la femme indifférente qui finit par s’éprendre de son mari ?
– Vous savez bien que je ne lis jamais de romans, répondit Scarlett, puis, désireuse d’entrer dans le jeu de Rhett, elle ajouta : D’ailleurs, vous m’avez dit une fois que l’amour entre mari et femme était le comble du mauvais goût.
– Sacré bon Dieu ! J’en ai dit des choses, autrefois ! J’en ai même un peu trop dit ! répondit Rhett d’un ton sec, tout en se levant. »

Maintenant que sa rage était tombée, Rhett commençait à lui manquer et, à mesure que les jours passaient sans apporter de nouvelles de lui, il lui manquait de plus en plus. Comme un corbeau venu se percher sur son épaule, le découragement s’était emparé de Scarlett plongé par le départ de Rhett dans un chaos de ravissement, de colère de douleur et d’orgueil blessé.

Challenge romancière américaine chez Miss G
-Lecture commune avec La bibli d’Onee (son avis)

34 réflexions sur “Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell

  1. L’édition Folio en trois tomes … faut quand même se les enfiler. Perso, j’ai une très vieille édition de 1984 aux éditions du soleil et je n’ai que deux tomes. Je suis pas fan de folio pour les traductions en plus. Je l’ai relu en anglais et c’est encore meilleur ! Scarlett est exaspérante au début du roman mais on finit par l’apprécier un peu. Rhett reste mon personnage favori. Il cache bien son jeu je trouve.

    • C’est vrai que c’est un pavé mais il se lit franchement très bien ! (Les pavés cachent souvent bien leur jeu) Ici, la traduction ne m’a pas gênée chez folio. C’est cependant vrai que Scarlett est insupportable au début du roman mais qu’elle se métamorphose dans le 2ème. J’aime aussi beaucoup Rhett parce qu’il est très lucide sur les situations qu’il traverse et sur l’avenir du pays tout entier. Mon personnage préféré reste quand même Mélanie, c’est un être pur, une sorte d’ange qui traverse tout le livre et que j’apprécie tout particulièrement !

      • Ben oui j’avoue 😀 Alors qu’au départ les manières de goujat c’est pas pour moi non plus mais il est vite devenu autre chose quand même ;-))
        N’empêche j’ai mis du temps à me remettre de la fin, pas toi ? On m’avait tellement vendu ces amants légendaires que je m’attendais à autre chose !!

      • Oui mais en même temps c’est ce qui fait la force d’une telle fin et lui permet de nous marquer durablement (Scarlett était quand même insupportable 😉 ) A la limite, je trouve cette fin plus réaliste. Et puis, Rhett a beaucoup souffert durant les 3 tomes, non ?
        😉 Vivement une prochaine LC ! Il va falloir trouver aussi bien

      • Ah j’avais pas vu ta réponse ici avant de répondre chez moi^^ Pour la fin oui c’est ce qui le rend marquant et entre nous je comprends Rhett bien sûr, mais en entendant parler de ce roman j’avais fini par me faire à l’idée qu’ils avaient une relation passionnelle à un moment donc douche froide quoi 😉 Juste au moment où elle comprend en plus, je ne l’ai as vu venir à ce moment-là j’avoue. Mais c’est sûr qu’elle sait en faire baver donc au bout d’un moment ça se paye, ça use…

      • Oui, c’est un peu l’idée en effet. Cela dit, je ne me souviens pas si c’est la même fin pour le film. Tu l’a vu ? Tu comptes le revoir ?

      • J’ai vu le film il y a longtemps et n’ai pas encore prévu de le revoir mais qui sait.. Dans quelques temps 🙂 tu penses en faire une critique sur ton blog ?

    • Je ne peux que te le conseiller, c’est une vraie lecture plaisir même s’il faut passer sur les excentricités de Scarlett durant tout le premier tome 😉

  2. Immense fresque historique, nous sommes d’accord ! L’adaptation ciné est très réussie dans son genre

    • Un gros pavé mais que, comme toi, je suis ravie d’avoir lu. L’histoire d’amour entre les deux protagonistes principaux est réaliste et le contexte historique très bien retranscrit !

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