L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt

L'amour et les forêts

Editions Gallimard – 366 pages
Littérature française

À l’origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l’écrivain, l’entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.
Récit poignant d’une émancipation féminine, L’amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d’être libre se dresse contre l’avilissement.

MON AVIS :

C’est une oeuvre terrifiante et cruelle que nous livre Eric Reinhardt sous couvert d’une quatrième de couverture vivante et combative. Une oeuvre sombre que cache merveilleusement un titre aussi énigmatique que profond. Le récit d’une femme piégée, de son mental et d’un harcèlement continuel, un combat fort, violent et parfois sordide qui fait monter les larmes au yeux et la rage au coeur.
Bénédicte Ombredanne est une héroïne de littérature, complexe, vibrante, idéaliste. Un personnage aussi vivant et torturé qu’une Anna Karénine ou une Emma Bovary.
Femme violentée, elle se nourrit de quelques moments de lumière, de douceur et de rêves, distribué avec parcimonie au cours de la lecture. Un conte réaliste, profond et cruel pour un destin brisé.
On ressort de cette lecture avec une boule au ventre, des sanglots dans la gorge et la furieuse envie de vivre, pour cette héroïne bridée et meurtrie.
Un roman très difficile à lire mais que, j’en suis sûre, vous ne regretterez pas d’avoir ouvert même s’il nous accompagne longtemps avec ce goût de métal et de rage, propre aux grandes oeuvres.

J’ai eu envie de connaitre Bénédicte Ombredanne en découvrant sa première lettre : c’était une lettre dont la ferveur se nuançait de traits d’humour, ces deux pages m’ont ému et fait sourire, elles étaient aussi très bien écrites, c’est un alliage suffisamment rare pour qu’il m’ait immédiatement accroché.


Elle aimait ça conduire la nuit, surtout sur autoroute. Mais elle aurait préféré que ce soit pour s’éloigner, partir, rêver plutôt que pour salir et répudier la femme lumière qu’elle avait été pendant les six premières heures, la clore. C’est ce qu’elle allait devoir faire, elle le savait, à moins de tout avouer dès son arrivée.

30 réflexions sur “L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt

  1. Rhaaaa tu me tentes ! Jusqu’à présent je n’arrivais pas à me décider vraiment concernant ce livre et cet auteur mais là, après ton billet, grrr ! Ma PAL ne te remercie pas !!! 😆

    • C’est vraiment un livre très très fort… et difficile. C’est rare les livres qui abordent ce genre de thèmes avec autant de cruauté et de réalisme. Le lecteur est en quelque sorte prisonnier comme Bénédicte Ombredanne. C’est difficile mais en même temps, c’est un bel hommage que rend l’auteur à ces femmes, intelligentes et pourtant prises au piège. Je ne peux que te le conseiller. Pour ma part, j’essaierai bien de lire « le système Victoria » du même auteur. Tu connais ?

      • Ha mais si j’avais lu ton billet !!! Je n’ai rien lu de lui et je lis des avis souvent élogieux mais aussi mitigés ! Je l’ai noté mais j’en ai tant à lire que ce sera pour la sortie Poche je pense…

      • Dans la seconde partie, une fois qu’elle a essayé de tuer son mari. Mais tu as raison, c’est plus les conventions sociales et familiales qui lui pèsent.

      • Oui, cela dit, dans le livre de Reinhardt, c’est ce qui est intéressant. On ne sait pas pourquoi elle ne part pas, pourquoi une femme aussi intelligente que Bénédicte se laisse dicter sa conduite par les conventions sociales et par ce désir de ne pas casser l’image du couple en société. Finalement, les deux livres pourraient se ressembler sur ce point.

      • C’est magique les livres qui t’habitent comme ça et te suivent… C’est aussi un peu le cas pour moi de celui-ci. Il me suit mais parce qu’il a été éprouvant à lire et très sombre.

      • Je comprends, j’ai également ressenti ça avec Thérèse Desqueyroux. En fait, les livres sont tellement capables de dire que ce que les êtres humains ressentent et aussi capable de créer des atmosphères différentes.

      • C’est tout à fait ça, sans compter qu’ils ont la capacité de nous transporter dans des milieux, histoires et/ou lieux qui nous sont inconnus…

    • Il est super, mais tellement dur. Cela dit, je crois que c’est vraiment le rôle de la littérature d’aborder ce genre de sujet, aussi parce qu’elle a cette capacité d’immersion qui colle bien à des thèmes comme le harcèlement moral et sexuel.

  2. Je considère que l’auteur s’accapare cette histoire avec à la fois une compassion sans feinte et un désir profond d’aider cette femme, mais comment ? On ressent un désir d’action bloqué par cette domination mentale et cette détresse émotionnelle.
    Un roman fort.

    • Tout à fait d’accord avec toi, l’auteur justement n’en fait pas trop mais nous montre qu’il n’est pas si facile de se défaire d’une emprise et que cela peut arriver aux femmes intelligentes. Le lecteur est directement en prise avec les interrogations de l’auteur, c’est aussi en cela que ce livre est très fort !

  3. ahhh, un livre qui m’a vraiment marqué, que j’ai adoré pour ses nombreuses qualités mais qui est effroyable, comme tu le dis (et on a parfois envie de mettre des claques à l’héroïne)

    • Ce n’est pas tant l’héroïne que j’ai trouvé désagréable mais cette cruauté dans laquelle elle vit au quotidien. C’est toujours difficile de se dire que de telles situations existent et qu’un être humain peut autant porter atteinte à un autre. être humain.. C’est terrifiant mais en même temps, vraiment nécessaire.

  4. c’est un des rares livres de la rentrée littéraire que je me suis acheté et ton avis ne me déçoit pas !
    Je profite de ce commentaire pour te féliciter de ce nouveau blog que je ne découvre qu’aujourd’hui ayant été absorbée par le boulot depuis septembre !

    • Coucou George, merci de ton passage ici ^^ L’amour et les forêts est un livre d’une incroyable intensité. Pas vraiment une partie de plaisir pour le lecteur mais un moment d’émotion incroyable, parfois insoutenable. Je suis contente que mon blog te plaise. J’ai quitté Overblog et ses pubs horribles, sans regrets ! Je me plais bien chez WordPress. A bientôt et bon courage pour le travail ^^

  5. C’est ça, il nous accompagne longtemps après avoir tourné la dernière page. J’ai encore l’intensité de ce livre en moi et je suis ravie de voir que tu l’as aimé également !

    • C’est tout à fait ça. On garde l’intensité et la force du récit. Du coup, j’ai très envie de découvrir le système Victoria du même auteur, tu l’as lu ?

      • Non mais comme toi, je me suis dit qu’il fallait le lire, ainsi que Cendrillon … c’est sans fin cette histoire !

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