Le maître des illusions de Donna Tartt

Le maitre des illusions

Editions Pocket – 706 pages
Littérature américaine

Fuyant sa Californie natale, bourse en poche, Richard doit son entrée à l’université de Hampden, dans le Vermont, à son opportunisme bien plus qu’à son talent. Prêt à tout pour arriver haut, et vite, le voilà introduit dans la classe du professeur Julian, vouée à l’étude des Anciens, grecs et latins. Bastion de savoir et de snobisme, la petite communauté vit en vase clos, avec deux mots d’ordre : discipline et secret.
Très vite, Richard devine sous le vernis des apparences une tache indélébile, du rouge le plus sombre. Tout ici n’est que vice, secret, trahison, manipulation…

MON AVIS :

C’est avant tout une ambiance feutrée, douce, terrible et angoissée que nous présente Donna Tartt dans cette oeuvre. Un univers parfaitement retranscrit, entre Virgin suicides et le cercle des poètes disparus qui nous offre le récit tendre et violent d’une déchéance adolescente. Ainsi, si le récit, étrange et spirituel, s’incarne de façon originale dans une université, ce sont surtout ses personnages, incandescents et parfois fantomatiques qui restent les plus intéressants. Tout à tour antipathiques et étrangement attachants, ils donnent au récit de Donna Tartt une profondeur et une troublante expression. Une oeuvre forte, touchante, bien que parfois contemplative, qui parvient à retranscrire avec magie, une ambiance à la fois floue et impalpable. Entre recherche de la rédemption et du châtiment, Donna Tartt file une intrigue intelligente et réaliste qui laisse le sentiment d’une terreur douce. Une oeuvre vive, puissante et déroutante qui nous isole longtemps dans le brouillard du campus d’Hampden, à la recherche d’une vérité crue et terrifiante qu’on redoute cependant de connaitre. Une oeuvre riche et dense, portée par une écriture vive et intelligente.

Je suppose que si j’ai jamais eu quelque doute c’est à cet instant, debout en haut de cet escalier étrange et glacé, les yeux sur l’appartement que je venais de quitter. Qui étaient ces gens ? A quel point les connaissais-je ? Pouvais-je leur faire vraiment confiance, au fond ? Pourquoi m’avaient-ils choisi, entre tous, pour tout me dire ?


Eh bien, tu sais ce que dirait Julian. Les fantômes, ça existe. Partout, les gens le savent depuis toujours. Et nous y croyons tout autant qu’y croyait Homère. Sauf que maintenant on leur donne d’autres noms. La mémoire. L’inconscient.


Les morts nous apparaissent en rêve, disait Julian, parce que c’est leur seule manière de se faire voir ; ce que nous voyons n’est qu’une projection, dirigée de très loin, la lumière nous provenant d’une étoile éteinte…

– Challenge romancières américaines (chez Miss G)

21 réflexions sur “Le maître des illusions de Donna Tartt

    • Il s’agit du premier livre de Donna Tartt et quand on voit tout ce qu’elle réussit à mettre dedans, j’ai hâte de lire ses autres livres !

  1. Bonsoir Yuko, je l’ai lu peut-être au mauvais moment il y a plusieurs années mais je suis passée à côté. Je l’ai trouvé surtout trop long. Bonne soirée.

    • Bonsoir Dasola, c’est vrai que le moment, l’âge, la fatigue influent beaucoup sur une lecture que l’on pourra ou non apprécier… Bonne journée à toi !

  2. Coucou Yuko, je l’ai enfin terminé et comme Dasola j’ai dû passer à côté, je l’ai trouvé vraiment trop long.
    Une lecture commune en différé… 🙂
    A bientôt

    • L’important, comme souvent, c’est de se faire son propre avis ^^ Cette lecture n’a pas été le coup de coeur de 2015 mais elle m’a tout de même laissée une impression durable. Ce n’est pas le cas (loin de là) de toutes mes lectures 🙂

  3. Pingback: Le cultissime Maître des illusions de Donna Tartt … | Carnet de lectures (et autres futilités)

    • Le Chardonneret est dans ma PAL mais j’hésite encore à le commencer (je crois que le nombre de pages n’y est pas pour rien…) peut-être en 2016 😉 Bises

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