Autoportrait au radiateur de Christian Bobin


Editions Folio – 170 pages
Littérature française

«Ce n’est pas un journal que je tiens, c’est un feu que j’allume dans le noir. Ce n’est pas un feu que j’allume dans le noir, c’est un animal que je nourris. Ce n’est pas un animal que je nourris, c’est le sang que j’écoute à mes tempes, comme il bat – un volet ensauvagé contre le mur d’une petite maison.»

MON AVIS :

Connu pour la pureté de ses mots et la force de ses images, Christian Bobin rassemble les couleurs du réel pour produire une oeuvre intime et délicate. Rarement il aura approché aussi fort de la lumière, celle contenue dans une rose, un brin d’herbe ou le sourire d’un souvenir. Des mots délicats qui s’entrechoquent, rassemblent les vivants et les morts autour de la joie simple d’écrire. Un récit autobiographique qui évoque la perte et ce sillon de lumière qu’elle révèle. Une oeuvre mémoire de l’instant, comme toujours douce et percutante grâce à sa plume.

Faire au moins une fois ce qu’on ne fait jamais. Suivre, ne serait-ce qu’un jour, une heure, un autre chemin que celui où le caractère nous a mis.


Faire sans cesse l’effort de penser à qui est devant toi, lui porter une attention réelle, soutenue, ne pas oublier une seconde que celui ou celle avec qui tu parles vient d’ailleurs, que ses goûts, ses pensées et ses gestes ont été façonnés par une longue histoire, peuplée de beaucoup de choses et d’autres gens que tu ne connaitras jamais. Te rappeler sans arrêt que celui ou celle que tu regardes ne te doit rien, n’est pas une partie de ton monde, il n’y a personne dans ton monde, pas même toi. Cet exercice mental – qui mobilise la pensée et aussi l’imagination – est un peu austère, mais il te conduit à la plus grande jouissance qui soit : aime celui ou celle qui est devant toi, l’aimer d’être ce qu’il est – une énigme – et non pas d’être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu cherches, ce que tu veux.

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