Le bal des folles de Victoria Mas


Editions Albin Michel – 251 pages
Littérature française

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

MON AVIS :

C’est une oeuvre en clair-obscur, teintée d’une mélancolie douce et d’une délicate humanité que nous offre Victoria Mas dans son premier roman. Auréolé de nombreux prix, Le bal des folles nous entraîne à la suite de personnages tour à tour complexes, délicats mais toujours joliment humains. A travers leurs doutes, leurs compassion, leurs combats, c’est la cause des femmes et leur oppression par la société des hommes qui se dessine en filigrane.
L’écriture est claire, ciselée, humaniste. Les personnages vibrants, imparfaits, terribles, émouvants, victimes d’un système mais qui ne renoncent jamais.
Une oeuvre qui témoigne de la dignité des femmes, de leurs combats et de leur quête de liberté. Une auteure à suivre.

A lui seul, Charcot incarne la médecine dans toute son intégrité, toute sa vérité, toute son utilité. Pourquoi idolâtrer des dieux, lorsque des hommes comme Charcot existent ? Non, ce n’est pas exact : aucun homme comme Charcot n’existe. Elle se sent fière, oui, fière et privilégiée de contribuer depuis près de vingt ans au travail et aux avancées du neurologue le plus célèbre de Paris.


Elles sont de tous âges, de treize à soixante-cinq ans, elles sont brunes, blondes ou rousses, minces ou épaisses, vêtues et coiffées comme elles le seraient à la ville, se meuvent avec pudeur ; loin de l’ambiance dépravée qui se fantasme en dehors, le dortoir ressemble plus à une maison de repos qu’à une aile dédiée aux hystériques. C’est en y regardant d’un peu plus près que le truble survient : on remarque une main refermée et tordue, un bras contracté et ramené vers la poitrine ; on voit des paupières qui s’ouvrent et se referment avec la cadence des battements d’ailes d’un papillon (…)

13 réflexions sur “Le bal des folles de Victoria Mas

      • Oui je l’ai lu en début d’année, on en avait échangé un petit peu sur mon blog. Comme toi j’avais été séduite, mais il me manquait quelques petits ingrédients pour en faire un vrai coup de coeur (une scène de bal plus longue, des personnages encore plus étoffés, plus de précision sur les soins apportés aux patientes etc).

  1. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec ce roman, boudant quelque peu la littérature française contemporaine. Pourtant, j’ai été happée par l’histoire de ces femmes que des hommes ont mis au banc de la société, parfois juste parce qu’elles étaient gênantes. J’ai vraiment trouvé intéressant d’explorer le sujet de la maladie mentale à cette période. J’en garde, au final, un très bon souvenir.

    • Je partage ton avis sur l’intérêt du sujet et sur l’oppression de ces femmes par les hommes. J’ai aimé le cheminement de l’infirmière qui, grâce à une rencontre, comprend qu’elle est elle-même un instrument de l’oppression masculine. Chaque figure féminine est nuancée et attachante. Une très bonne lecture et quand on sait que c’est un premier roman, ça donne envie de suivre les prochains romans d l’auteure.

    • Si c’est elle, son premier roman et franchement c’est bluffant ! Un bon moment lecture, bien documenté et porté par une écriture claire et des personnages nuancés. Je conseille ! bises à toi et belle semaine (malheureusement pluvieuse..) à toi !

  2. Tout à fait d’accord avec ta chronique. J’ai beaucoup aimé ce livre et pour un premier roman, je l’ai trouvé vraiment réussi. On peut lui reprocher d’être un peu court, mais me concernant, ce genre de critique est toujours bon signe !! Bisous.

    • Je partage tout à fait ton avis, je préfère un roman court et percutant plutôt qu’un trop long roman empli de longueurs..Cela dit, parfois même les petits romans ont des longueurs.. Je suis vraiment contente d’avoir découvert ce roman grâce auquel j’ai passé un très bon moment. Je lirai certainement son prochain 🙂 bisous

  3. Pingback: Esprit es-tu là (Le bal des folles, Victoria Mas) – Pamolico, critiques romans, cinéma, séries

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