La mer sans étoiles d’Erin Morgenstern

Editions Sonatine – 640 pages
Littérature américaine

« Aucune histoire ne s’achève jamais vraiment tant qu’elle continue à être racontée. »

Dans la bibliothèque de son université, Zachary Ezra Rawlins trouve un livre mystérieux, sans titre ni auteur. Découvrant avec stupéfaction qu’une scène de son enfance y est décrite, il décide d’en savoir davantage. C’est le début d’une quête qui le mènera à un étrange labyrinthe souterrain, sur les rives de la mer sans Étoiles. Un monde merveilleux fait de tunnels tortueux, de cités perdues et d’histoires à préserver, quel qu’en soit le prix…

MON AVIS :

C’est une oeuvre foisonnante, enchanteresse et aux multiples facettes qu’offre à ses lecteurs Erin Morgenstern. Un roman dense tant par les thèmes, multiples, qu’il aborde que dans sa narration, mouvante, riche, rythmée. La mer sans étoiles est un récit dans le récit. Faisant éclater les codes de l’histoire, il alterne entre « réalité » et « histoire », écrivant comme sur un fleuve toujours mouvant les chapitres de vie de ses personnages.
Où commence l’histoire et où finit-elle ? Tout est possible dans ce récit déconstruit mais jamais brouillon. Ses personnages, attachants et délicats, entrent malgré eux dans le tourbillon de l’histoire, s’en emparent, la modifient ou en deviennent les sujets consentants. A la manière d’Alice tombant dans le terrier, le jeune Ezra parcourt les pages de ce roman libre et foisonnant avec brio et liberté. Une oeuvre atypique, à l’écriture douillette et délicate, qui change les contours de la narration pour mieux la reconstruire. Une oeuvre étonnante, joliment réussie !

-Vous me faites confiance, Ezra ? demande-t-elle.
-Oui, répond Zachary sans prendre vraiment le temps de réfléchir à la question.
-Un jour, je vous rappellerai que vous avez dit ça.
Mirabel plonge la main dans son sac et en sort un objet métallique que Zachary met un moment avant d’identifier comme un revolver. Un tout petit revolver mignon, du genre qu’une femme fatale pourrait coincer dans son porte-jarretelles dans un type d’histoire différent.


Il avale d’un trait le reste de son sidecar pour faire passer les voix des histoires et, à la place, il se retrouve avec une question sur la langue.
« Max, où est la mer ?
-La quoi ?
-La mer. La mer sans Etoiles, l’étendue d’eau dont cet endroit est un Port.


Il était une fois une femme qui sculptait des histoires.
Elle les sculptait dans toutes sortes de matériaux. Au début, elle travaillait la neige, la fumée ou les nuages, car leurs récits étaient temporaires, fugaces. Évanouis en quelques instants, visibles et lisibles uniquement par ceux qui passaient par là dans les minutes entre leur confection et leur désintégration, ce qui lui convenait bien. Ça ne laissait pas le temps de chipoter sur les détails ou les imperfections. Les histoires ne duraient pas assez pour être remises en cause, disséquées, critiquées, que ce soit par elle ou par d’autres. Elles étaient, puis elles n’étaient plus.

6 réflexions sur “La mer sans étoiles d’Erin Morgenstern

    • C’est une belle découverte, vraiment. Il est très atypique et ses personnages vraiment attachants. J’ai beaucoup aimé les péripéties d’Ezra, sans parler de l’écriture… Bref, tout dans ce livre m’a convaincue : fonce 😉

    • Avec plaisir, ça a été une belle découverte que je suis ravie de partager. J’espère que tu apprécieras autant que moi si tu as l’occasion de le lire !

    • Merci beaucoup ! J’ai vraiment aimé cette histoire atypique et ses personnages attachants, n’hésite pas ! Bonne journée à toi 😉

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