Miniaturiste de Jessie Burton


Editions Folio – 528 pages

Littérature britannique

Nella Oortman n’a que dix-huit ans ce jour d’automne 1686 où elle quitte son petit village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d’âge mûr, il est l’un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l’habitent et mettant au jour de dangereux secrets.

MON AVIS :

Plongé minutieuse dans l’Amsterdam du XVIIème siècle, Miniaturiste est avant tout une belle oeuvre visuelle, oscillant entre ombres et lumières, secrets et mensonges, découvertes et vérités.
Un roman à l’écriture vive et aux images prononcées qui fait la part belle aux mystères et aux énigmes sous-jacentes. Savamment distillées, les curiosités qui entourent les personnages du roman s’avèrent rapidement être au coeur de l’intrigue. Une oeuvre que l’on pourrait qualifier d’avant-gardiste en ce qu’elle met en scène une jeune femme libre et indépendante, qui découvre avec amertume les réalités de son mariage et de sa nouvelle vie. A travers ce regard neuf, c’est toute une société qui est analysée, ses avantages mais également ses travers, faits de faux-semblants, de mystères et de terribles hypocrisies.
Une oeuvre étrange, qui surprend par son atmosphère presque fantastique mais qui aurait peut-être mérité des développements plus importants, notamment au regard des liens qui unissent ses personnages, souvent troubles et imparfaits. On aurait peut-être préféré que le mystère se distille progressivement et que les personnages s’apprivoisent davantage.
Ainsi, et malgré l’intéressant mystère qui entoure l’intrigue et la surprenante maison miniature qui reste au coeur des relations entre les protagonistes, les personnages manquent parfois de charisme et de profondeur. Un premier roman pourtant prometteur mais qui aurait mérité un développement de l’histoire et de ses personnages principaux plus conséquent.

La femme ne sourit pas, mais elle semble dévorer Nella de ses yeux bruns, presque orange à la lueur tamisée du jour. Sa tête nue expose ses cheveux tels des fils d’or pâle.
Une sensation de froid intense, clair, pénètre les os de Nella. Elle serre son châle autour de son cou. La femme la fixe toujours des yeux. Tout est plus lumineux, plus en relief, alors que le soleil reste distant, derrière un nuage. Nella suppose que ce doit être les vieilles briques, les pierres humides qui provoquent cette soudaine absence de chaleur. C’est possible, mais ces yeux – personne n’a jamais regardé Nella de cette façon, avec une curiosité calme qui la subjugue.


Quel genre de personne pourrait être impertinente à ce point ? Les chiens, si particuliers, les fauteuils, si exacts – le berceau, si suggestif. On dirait que le miniaturiste a une vision parfaite de son intimité.
Elle remonte sur son lit et mesure combien ces objets créent de bouleversement en elle, un bouillonnement d’inquiétude, de curiosité et de peur. Ça ne peut pas continuer. Je ne peux pas être tyrannisée de loin comme de près.

Un grand merci à Livraddict et aux éditions Folio pour la découverte de ce premier roman.

22 réflexions sur “Miniaturiste de Jessie Burton

    • Coucou Nicolas, j’ai hâte de lire ta critique également. Je trouve que le roman a un vrai potentiel et je lui pardonne bien volontiers ces quelques « défauts » puisqu’il s’agit d’un premier roman 😉

  1. Quand j’étais encore correspondante, j’ai assisté à une petite remise de prix de la part d’une bibliothèque de village qui l’avait élu « livre de l’année » et une ancienne prof de fac avait ensuite organisé une super conférence dessus. Du coup j’ai très envie de le lire et il me semble qu’un film est en préparation…

    • Il ne faut pas, au contraire, cv’est bien de te faire ton propre avis et du coup, avec les quelques bémols que tu as lu, tu n’attendras pas trop de ce premier roman, ce qui est plutôt un atout pour apprécier une lecture ^^

    • Un blogueur a dit qu’il était entré dans un tableau grâce à ce livre, c’est tout à fait l’impression qu’il laisse… Celui d’un tableau historique 😉

  2. Rebonjour Yuko, c’est une lecture en demi-teinte en ce qui me concerne. Certains personnages comme le mari de Nella n’est pas assez fouillé. L’ensemble reste superficiel. Dommage. Bonne après-midi.

    • Rebonjour Dasola, c’est exactement ce qui ressort des nombreuses critiques que j’ai pu lire sur ce roman. L’ensemble est un peu superficiel mais le roman a le mérite de retranscrire une ambiance unique… très 18ème siècle. Bonne après-midi également 🙂

    • Je crois que tu es la première à n’avoir aucune réserve sur ce premier roman. Tu l’auras compris, je suis plus nuancée que toi car, même s’il y a de bons moments, il m’a manqué un petit quelque chose pour que le tout soit parfait et prenant pour moi…

    • Coucou ! Ravie de te retrouver ^^ Ca fait un moment qu’on n’a pas échangé 😉 J’espère que tu vas bien. Ce premier roman n’a pas que des défauts, loin de là mais il reste effectivement un peu en surface et c’est dommage parce qu’il a du potentiel.

  3. Je ne l’ai toujours pas lu mais je viens de finir « Les filles au lion », son dernier livre qui est magistral !

    • Je note aussi ce livre. Miniaturiste a quelques défauts, certainement dus au fait qu’il s’agit de son premier roman… Peut-être que son dernier tombe moins dans ces travers..

Laisser un commentaire